Non, Haïti n’est pas en guerre ! Depuis tantôt cinq ans, les habitants de la région métropolitaine de Port-au-Prince connaissent l’enfer. Les bandits ont tout détruit au centre-ville, contrôlant ainsi près de 80 % de la capitale. Les exactions des groupes armés dans certains quartiers ont contraint des familles à se réfugier vers des camps de fortune ou d’accepter de frôler la mort pour traverser Martissant ou Canaan afin de se rendre dans des villes de province. Cela se complique ces derniers temps. Non seulement les bandits ne chôment pas, mais toutes les routes nationales sont bloquées, les vols sont suspendus en raison de la recrudescence de l’insécurité, tous les Haïtiens ou presque sont pris en otage d’une façon ou d’une autre.
Même en temps de guerre, des civils sont souvent facilités à trouver un lieu sûr pour se réfugier. En Haïti, les bandits armés, lors de leurs opérations meurtrières, n’épargnent même pas les nourrissons. Malheureusement, l’État haïtien peine encore à trouver la bonne formule pour éliminer ces foyers de gang même si les forces de l’ordre se démènent souvent pour limiter souvent les dégâts.
Cette situation chaotique que connaît le pays est en quelque sorte un otage collectif des habitants de la région métropolitaine. Depuis plus d’un an, l’accès au grand Sud est limité depuis que le chef de Gang Bout Ba a pris le contrôle de Mariani et de Gressier. Au niveau de la Croix-des-Bouquet et de Canaan, les caïds Lanmò San jou et Jeff ont droit de vie et de mort sur les usagers de la route. Alors que des Haïtiens veulent laisser le pays et d’autres souhaitent y revenir, mais les vols sont suspendus pour une deuxième fois en 9 mois après que des avions ont été touchés par des projectiles des hommes lourdement armés. Les habitants pris au piège, sont devenus des otages dans leur propre pays.
Dans l’intervalle, les autorités placées à la tête du pays s’engagent continuellement dans une bataille pour la séparation de pouvoir, faisant ainsi fi de la calamité des milliers de familles déplacées, fuyant la violence des malfrats.
Des scènes déchirantes de bébés en bas âge, de personnes handicapées, d’enfants et de vieillards qui fuient la violence des gangs, mais auraient préféré laisser la capitale pour rejoindre leurs familles dans des villes de province. Mais au final, tout le monde est pris en otage dans son propre pays. Triste !
Crédit photo: @tedactu
Richarson Bigot
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