Corruption, l’autre nom d’Haïti depuis plus de deux siècles

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La corruption a toujours été un élément gênant pour l’émergence et le développement d’Haïti. Depuis l’assassinat du père fondateur de la Patrie, en l’occurrence Jean Jacques Dessalines, toutes les batailles initiées par ses successeurs visant à prendre les rênes du pouvoir avaient pour base la corruption et la malversation. Alexandre Pétion, premier Président de la République d’Haïti, fut un démagogue sans précédent. « Plimen poul la pa kite l rele », c’était sa formule à lui pour légitimer la corruption sous sa présidence entre 1807 et 1811. On doit se rappeler également du fameux procès de la consolidation initié en 1904 par le président Nord Alexis en Mars 1903. Le procès des timbres également réalisé en 1975 sous la présidence de Jean Claude Duvalier. Et très récemment, le dossier Petrocaribe, dans lequel des hauts dignitaires de L’État ont été indexés. La corruption, c’est cette signature qui collerait bien à Haïti.

S’enrichir au détriment du pays semble être l’idéologie commune des dirigeants haïtiens. Deux siècles après notre indépendance, Haïti ne peut pas encore compter sur ses propres fils pour émerger. La corruption, l’ennemie acharnée d’Haïti.
Au lendemain de l’indépendance, Anne Sabès dit Alexandre Petion fut le premier à fermer l’œil sur les cas de corruption identifiés dans son administration. Le successeur de Dessalines croyait que tout le monde vole, donc pas la peine d’acculer ceux qui sont pris la main dans le sac. « Plimen poul la pa kite l rele », sa formule de légitimation de la corruption.

Un siècle plus tard, Nord Alexis prit les rênes du pouvoir par les élections en décembre 1903. En avril de l’année suivante, il avait déclenché le procès de la consolidation. Préoccupé par cette affaire de scandale de corruption, Nord Alexis avait mis sur pied une commission et l’intimait l’ordre de produire un rapport y relatif. Deux rapports ont été effectivement publiés par ladite commission. Plusieurs millions de dollars américains ont été dilapidés et des dignitaires de l’Etat haïtien ont été indexés dont l’ancien président Tiresias Simon Sam ainsi que sa femme et ses deux fils Lycurgue et Démosthènes, les ministres Brutus Saint-Victor, Vilbrun Guillaume Sam etc.
Le 25 décembre 1904, au terme d’un procès historique, le jury condamna plusieurs anciens ministres, directeurs français de la banque nationale aux travaux forcés, usage de faux, recel et vol. A la surprise générale, de ces condamnés dans ce procès, trois d’entre eux devinrent président de la république, il s’agit de Cincinnatus Leconte, Jean Antoine Tancrède Auguste et Vilbrun Guillaume.

4 ans après la mort du dictateur François Duvalier, un autre grand procès historique avait eu lieu sous la présidence de Jean Claude Duvalier appelé «le procès des timbre de l’été 1975 ».

Pour marquer le 150e anniversaire de la publication du livre « The birds of America » écrit par le naturaliste et peintre John Audubon entre 1827 et 1838. En cette occasion, les autorités haïtiennes avaient fait émettre toute une variété de nouveaux timbres (de 5 centimes à 5 gourdes). Ces timbres ont été retirés de la circulation en raison du fait que dans le secteur du commerce, des milliers de faux timbres de postes circulaient en parallèle.

Huit (8) personnes, dont des ministres du gouvernement, ont été arrêtées dans le cadre de cette affaire. Ils étaient accusés d’avoir contrefait la signature du ministre du commerce et de l’industrie via un document autorisant la compagnie J. and Stolow de New York, à émettre les séries de timbres Audubon. Par rapport à ce scandale, le ministre Serge Fourcand a été limogé puis placé en résidence surveillée.

En gros, les condamnés étaient sortis de prison quelque temps après leur incarcération. D’autres n’y ont jamais été. Les amandes et dommages intérêts qui devaient être payés à la DGI pour le compte de l’Etat haïtien et à l’entreprise Henry P. Bayard, n’ont jamais été versés.

L’affaire PetroCaribe, le plus récent scandale de corruption en Haïti. Un scandale politico-économique impliquant quatre (4) président et six gouvernements.

Des plaignants dénoncent la dilapidation de 3.8 milliards de dollars américains du fonds vénézuélien. C’est une alliance entre les pays Caraïbes et le Venezuela, premier exportateur de pétrole brut latino-américain. Laquelle alliance a été créé depuis juin 2005 et regroupe jusqu’à date 18 pays. L’ex Président Michel Joseph Maretelly, l’ex premier ministre laurent Lamothe, l’ex ministre Florence Duperval Guillaume, l’ancien sénateur dominicain Felix Bautsta, Olivier Martelly, fils aîné de Martelly, L’ex Président Jocelerme Privert, Sofia Martelly épouse de Michel Martelly, entre autres, sont parmi les personnalités indexées dans cette affaire.

Haïti, depuis les premiers jours post indépendance, patauge dans la corruption.
Deux siècles plus tard, la justice haïtienne peine encore à mettre derrière les barreaux les corrupteurs et les corrompus.

Richarson Bigot
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