Démission d’Ariel Henry : le ‘’petit coup de main’’ des gangs armés aux politiciens

Ariel Henry a démissionné. Dans son message à la nation du 11 mars 2024, le neurochirurgien a biaisé, optant ainsi pour la périphrase plutôt que d’être clair comme la circonstance l’exige. Mais bon, rien n’a jamais été limpide avec Ariel Henry qui, supporté par des zélés vautours, a passé près de trois (3) ans à prêcher, dans ses discours, l’évangile du consensus pour appliquer, dans le réel, la politique de l’exclusion, du mépris, du je m’enfoutisme. Pour quelqu’un qui se berçait d’illusion d’être politiquement tout-puissant aurait-il pu faire mieux que parler en termes voilés ? Non. On n’annonce pas une ‘’démission forcée’’ comme on annonce des fiançailles.
Oui, Ariel Henry est une page tournée. On est d’accord. Mais en l’espèce, ce sont les gangs armés qui ont brusqué le dénouement de l’horrible épisode de la saison 3 de la Série ‘’PHTK et Co.’’ En effet, il a fallu que les caïds s’activent pour que les politiques obtiennent la tête du chef du Gouvernement sur un plateau d’argent, sans coup férir. Par principe de causalité, la gloire ici revient aux armes illégales des bandits qui nous tuent, et non aux politiciens dépourvus de force de conviction, inaptes à conquérir l’adhésion du peuple pourtant assoiffé de changement. Sous le ciel de cette République de paradoxes, on aura tout vu. Qui pis est, entre la politique et les armes en Haïti, l’histoire d’amour semble être sans fin.

Par souci d’extrême compréhension, on peut utilement réfléchir sur l’activation ou l’autoactivation des gangs armés en date du 29 février 2024, cause principale ou principielle du blocage ou de la rétention d’Ariel Henry en terre portoricaine. Mais dans l’état actuel des choses, il faut reconnaitre, avec perplexité, que le départ annoncé du désormais ex-Chef de la Primature et la victoire volée des politiciens ont quelque chose de machiavélique, dans la mesure où le ‘’mal’’ orchestré par des gangs armés (tueries, évasions de prison, incendies et pillages d’institution publiques/privées…) a été mis au service d’un ‘’bien’’ (démission d’Ariel Henry) beaucoup plus profitable à un petit groupe (qui se discute déjà ce qui reste du pouvoir) qu’au peuple dont les espoirs sont toujours sacrifiés sous l’autel de l’opportunisme cynique.

En somme, nous voulons dire sans circonlocution que, quand les vraies ou fausses aspirations des gangs armés rejoignent et se confondent avec les prurits des politiciens pour qu’enfin se cristalliser à la faveur des circonstances, il y a lieu d’avoir peur pour l’avenir déjà hypothéqué d’un pays en mal développement social, politique, économique et moral. D’ailleurs, à s’y méprendre, tant que les armes sont plus convaincantes et plus efficaces que les rhétoriques politiques, les ayants-droit de cette ‘’démission forcée’’ resteront et demeureront les bandes criminelles et non les politiciens opportunistes sans grand leadership. Le fameux « Conseil présidentiel » de sept (7) membres annonce-t-il la fin de la Série macabre ‘’PHTK et Co.’’ ou inaugure-t-il juste une nouvelle saison ? Une affaire à suivre…

GeorGes E. Allen

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