FORUM/ Comment parler du nationalisme, de souveraineté et de citoyenneté en Haïti (14/01/2017)

Au regard de ce qui se passe et de ce que nous vivons présentement, parler de nationalisme, de la souveraineté et de la citoyenneté a-t-il un sens ? Peut-être oui ! Mais Comment parler de nationalisme, de souveraineté et de citoyenneté en Haïti sans se référer aux grands problèmes politiques, sociaux et économiques, bref à notre état de sous-développement, à la crise systémique du pays, à l’extrême pauvreté, à l’analphabétisme, à la crise de certitude ?

Ainsi le Forum du samedi 14 janvier 2016 – animé par Jean Rommel Pierre –, qui a réuni Roody Edmé, Clarens Renois et Jean Mary Pierre, aura été très pédagogique. Cette émission aura marqué plus d’un. Force est de constater que ce numéro de Forum n’a pas été une émission où les invités se perdent dans des envolées conceptuelles, abstraites. Elle leur a plutôt servi de plateforme pour faire le diagnostic, la radiographie de nos maux.

Les notions de nationalisme et de souveraineté ont été brièvement évoquées au regard de l’actualité. Celle en effet de l’arrestation (et de son extradition) du sénateur élu de la Grand’Anse Guy Philippe. Analysant cet événement, les trois invités de Forum ont considéré cette affaire comme une effraction, un choc, suscitant une grande émotion en ce que nous nous sentons chacun blessés dans notre dignité de peuple et de nation libre et indépendante.

Jean Mary Pierre appelle toutefois à dépasser cette grande émotion, ce grand cri intérieur, car nous en avons toujours eu au cours de notre histoire, nous rappelle-t-il. Ces affronts doivent plutôt nous servir d’exemple pour enfin décider à bâtir le pays, à refonder l’Etat-nation, construire et repenser la citoyenneté. La construction de cette citoyenneté doit se faire à l’école, croit Roody Edmé. Cette école républicaine où doivent s’apprendre les valeurs fondamentales de citoyenneté, d’éthique, d’altruisme, d’humanisme. Cette école, qui doit être d’abord un bien public, et où l’Haïtien aura le sentiment d’attache à sa terre, à son identité, sa culture, son histoire.

La crise flagrante de citoyenneté que nous vivons laisse voir notre extrême pauvreté, l’absence d’humanité, du sens du vivre-ensemble, du respect du bien collectif, la violation ou la quasi inexistence des droits sociaux, la répartition inégalitaire du bien de la santé, de l’éduction, de la culture. Compte tenu de ce constat accablant, les trois invités en arrivent à conclure l’inexistence de l’Etat, de la nation, l’absence de la citoyenneté ou sa détresse telle que la considère Roody Edmé.

Les trois invités ont évoqué notre pays en ce qu’il est perçu par bon nombre de ses fils comme un étouffoir, un espace à fuir. En témoigne l’émigration massive à l’étranger, notamment au Brésil, au Chili, en République Dominicaine. Pour Clarens Renois, l’Haïtien ne s’aime plus et il faut arrêter de s’autodétruire. Jean Mary Pierre n’a pas eu sa langue dans sa poche : c’est la nation qui s’en va.

Face à cet abandon du pays, à cette incertitude, Roody Edmé exhorte à la rééducation, au devoir civique. Pour Clarens Renois, il nous faut une réflexion en profondeur sur l’avenir. Car, à en croire les trois invités cette nouvelle Haïti est encore possible. Et pour ce faire, il faut agir en vite.

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