Garry Conille, entre multiplication de promesses et déficit d’actions concrètes

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Commençons, d’emblée, par dire une vérité sur Garry Conille que peut-être son entourage lui cache : plus d’un mois après sa prise officielle de fonction, le Premier ministre n’est plus vu comme le Médecin-Sauveur venu tout droit de la République étoilée, laboratoire des solutions cosmétiques aux maux d’Haïti. Tout compte fait, l’image d’homme quasi providentiel que projetait jusqu’ici le quinquagénaire, a grandement perdu de son lustre. C’est tout le drame de la politique : nul n’est maître du temps, qui, d’ailleurs, est la seule rareté. Déjà, l’heure du grand doute légitime a sonné.

Faute de « signaux clairs » envoyés, notamment en matière de choix politique et de stratégie de sécurité, l’actuel Gouvernement n’inspire pas la confiance nécessaire en ces temps de crise multidimensionnelle, où la population attend un « Chef », un « Guide », un « Leader » dont l’aura et le ton annoncent « La » solution.

Face à l’extrême urgence, le Premier ministre Garry Conille n’a pas de temps de grâce. D’ailleurs, le court laps de temps (22 mois) naïvement défini dans l’Accord du 3 avril 2024 pour rétablir l’ordre sécuritaire, organiser les élections, remettre le pays sur les rails démocratiques et institutionnels, ne permet pas au locataire de la Primature d’avoir de répit. Et pourtant ! Presque comme ses prédécesseurs, Garry Conille laisse déjà l’impression d’être grand propriétaire d’une mine intarissable de promesses. À chaque déclaration officielle il en sort une, mais les actions concrètes ne suivent pas. De concert avec le Conseil présidentiel de transition, le Gouvernement décrète l’état d’urgence sécuritaire sur quatorze (14) communes, mais entretemps plus de territoires tombent dans les griffes des malfrats. En dépit du fait que le pays dispose d’un Exécutif bicéphale spécial, l’inquiétude n’a pourtant pas changé de camp. La population reste la cible facile des gangs armés pour qui l’heure de la récréation n’a pas encore sonné, contrairement aux injonctions creuses du Commandant en chef de la Police nationale d’Haïti, Rameau Normil.

Comme si l’ordre public pouvait se négocier, le Chef du Gouvernement de la transition ne cesse d’appeler les bandits, d’un ton aussi froid que non convaincant, à « déposer les armes et reconnaître l’autorité de l’Etat ». Parce que l’Etat ne négocie pas l’ordre public mais le ramène, « Izo » et sa bande, « Ti Lapli » et ses soldats, « Lanmò san jou » et ses hommes de main n’ont pas, tout naturellement, à reconnaitre une autorité qui ne s’impose pas. C’est un fait qu’à l’heure qu’il est, plus qu’un métier, le banditisme en Haïti est devenu un Life style. Fort de ce constat, il revient à l’Etat, tant dans son omnipotence que dans son impersonnalité, de peser de tout son poids, de regagner son monopole de violence, son indivisibilité, sa souveraineté. En dehors de cela, les caïds n’hésiteront pas à se croire disposer de toute l’éternité devant eux pour exercer droit de vie et de mort sur toute une nation meurtrie.

RTVC

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