La production de la musique evangelique contraintes et persepectives !!! (17/12/2016)
A quelques jours de la Noël, où en Haïti, comme en plein été, les soirées dansantes battent leur plein, l’émission Forum du samedi 17 décembre, animée par Karl Foster Candio, semblerait vouloir plonger ses téléspectateurs dans l’ambiance de la fête, en parlant de la musique, celle d’un autre registre, d’un autre monde : la musique évangélique. Deux artistes et un producteur, en l’occurrence les chanteurs-compositeurs Evens Grégoire (haïtien), Olivier Cheuwa (canado-camerounais) et Louibert Meyer, ont été invités à débattre de la musique évangélique, de ses influences, de son apport, de ses contraintes et des perspectives.
D’abord qu’est-ce que la musique évangélique ? Question qui divise un peu les trois intervenants. Si elle est pour le chanteur haïtien Evens Grégoire et le producteur Louibert Meyer une musique dont les pratiquants sont des appelés, des inspirés de Dieu et traitent des thèmes récurrents à la parole sacrée de la Bible, tel ne semble pas le cas pour le chanteur canado-camerounais. Pour lui, n’importe qui peut faire de la musique évangélique. Il suffit qu’il ait du talent et que ce qu’il chante soit touchant, interpelle celui qui l’écoute, atteigne son âme. Pour Cheuwa, l’onction est secondaire. Toutefois, ils s’accordent tous les trois pour voir en la musique évangélique le véritable vecteur de transmission de l’Evangile, ayant comme contenant des styles divers. Ils peuvent être du gospel, de R&B, du jazz ou des musiques folkloriques.
Ce qui ne fait pas de la musique évangélique un art à part entière ni une musique sacrée, incantatoire même quand elle peut être porteuse de toute une charge mystique et sacrée. Ce qui la distingue des autres musiques est son contenu. Il s’agit d’une parole tirée, inspirée de la Bible. Elle peut puiser son contenant de tous les styles, rythmes et tendances musicales traditionnels ou contemporains. D’où l’influence de ce qu’Evens Grégoire et Louibert Meyer appellent le monde laïc ou séculier. Force est de constater une interinfluence. Si des accords, des riffs tirés de la musique évangélique sont joués par des musiciens, notamment ceux du compas direct, des musiciens évangéliques de la communauté haïtienne des Etats-Unis s’inspirent des merengues carnavalesques. Pour Olivier Cheuwa, cette interinfluence témoigne de la richesse, de la diversité musicales. Elle empêche un repli sur soi, une ghettorisation de la musique évangélique.
Qu’en est-il de la professionnalisation de la musique évangélique haïtienne ? Là les violons semblent s’accorder. Evens Grégoire et Louibert Meyer constatent un effort de professionnalisation et un travail de qualité dans la musique évangélique haïtienne contemporaine. Toutefois, ils déplorent qu’on en soit encore là, à cet état embryonnaire.
Intervenant à l’émission à travers une vidéo, le chanteur-compositeur Jean Marie Papin a évoqué le problème de protection des droits d’auteur, la quasie absence de production et de promotion et la menace des réseaux sociaux. Il se plaint du piratage des musiques évangéliques et la diffusion à une très large échelle, ce au dépends du musicien. Quant à la diffusion dans les médias de la musique évangélique, le producteur Louibert Meyer est d’avis contraire : la musique évangélique haïtienne n’a jamais été autant diffusée dans les radios et les télévisions.
En guise de proposition : les trois intervenants pensent qu’il faut au secteur de la musique évangélique haïtienne une plus grande collaboration. Bref, la synergie des structures de promotion, de production s’avérerait nécessaire au développement de cette musique. D’où un vrai mécénat. Ce qui manque à l’art haïtien. Ainsi des artistes, comme les musiciens évangéliques, parviendront à vivre de leur art.