Le CPT, la Corruption et le péché d’Edgard

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Corruption. Pouvoir. Transition. C’est peut-être la vraie signification du CPT. Celle qu’on ne nous dit pas. Celle qu’on nous laisse deviner. Qui sait ? L’interversion de l’ordre de succession à la présidence tournante du « Conseil présidentiel de transition » nous éclaire sur un fait : en Haïti, la Corruption est le pouvoir et la Corruption donne du pouvoir ! L’on savait tous que, selon une chirurgie politique post-Accord (3 avril 2024), c’est Smith Augustin qui devait succéder à Egard Leblanc, ce 7 octobre 2024, pour ensuite laisser la place à Leslie Voltaire qui, à son tour, céderait le siège à Louis Gérald Gilles. Mais, par une opération de sauvetage mise en branle en faveur des « représentants corrompus » d’EDE/RED/Compromis historique, de l’Accord du 21 Décembre, de Pitit Dessalines au CPT, l’ordre des choses a changé. La Corruption, pouvoir absolu en Haïti, a eu raison de l’ULCC et de son rapport d’enquête sans coup férir. D’ailleurs, que gagne-t-on à être le président d’un Conseil dont le nom déjà présidentialisé confère à tous ses membres Grands Titres et Enormissimes Privilèges ? Reconnaissons-le, il y a une Intelligence et une Logique de la Corruption qui ont permis aux Conseillers-présidents indexés dans l’Affaire des 100 millions de gourdes de marchander le fauteuil sans perdre pour autant leur poste, donc continuer à porter Grands Titres et jouir d’Enormissimes Privilèges. Corrompus et Assoiffés de pouvoir sont les deux faces d’une même médaille faite de la même gangue. C’est un fait !

Dans ce jeu où la Corruption l’emporte au sommet, Edgard Leblanc fils, désormais ex-président du « Conseil présidentiel de transition », a commis un péché qui a terni son image : celui du silence presque-complice. Face à la grave souillure dont le CPT a été l’objet, d’aucuns s’attendaient à plus de fermeté et plus de rigueur de la part du dirigeant de l’OPL. On avait voulu d’un Edgard aussi tranchant à la Villa d’Accueil qu’il l’était à la tribune de l’ONU. Niet ! Ses petits coups de dernière minute, alors que la Corruption avait déjà triomphé, n’ont pas eu d’écho auprès de la population qui attendait plus. Tout compte fait, l’histoire ne retiendra d’Edgard Leblanc fils que son discours poignant prononcé le 26 septembre 2024 à la 79ème Assemblée Générale des Nations unies, où le nom de Dessalines a été cité et où la restitution de la rançon de l’Indépendance a été évoquée. Mais, plus que les prises de position fortes, ce sont les actes concrets qui retiennent le plus longtemps l’attention et font vivre l’histoire.

En tout cas, Haïti a, dès ce 7 octobre 2024, un autre président. Un Lavalasien de souche qui ne trahit pas ses origines politiques, malgré le poids de l’âge et la somme des expériences accumulées. Sans « passation de pouvoir », Leslie Voltaire s’est vu attribuer le pouvoir. La Corruption fait les choses à sa façon. Mais bon, dans son allocution succincte de mauvaise circonstance, l’Architecte a reconnu que « l’heure est grave ». Même si, comme le croyait et le disait feu le Professeur Lesly François Manigat, « ce n’est pas tant les circonstances de la prise du pouvoir qui importent, mais c’est ce que l’on en fera », la Présidence prématurée de Leslie Voltaire n’est, à s’y méprendre, que de la pénicilline administrée à un CPT cancéreux.

GeorGes E. Allen

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