
Sécurité en Haïti : feu vert des droits humains à l’usage des drones kamikazes ?
La population civile ne cesse d’être bombardée par les bandits de la coalition criminelle “Viv Ansanm” depuis près de cinq ans. Ce climat de violence pousse certaines familles à abandonner leur foyer pour se réfugier dans des camps de déplacés.
La Police nationale, épaulée par une mission multinationale, s’efforce de neutraliser ces criminels, mais se trouve souvent dépassée par les événements, malgré de nombreuses tentatives. L’institution policière a déjà reçu plusieurs lots de matériel dans le cadre de cette lutte, mais les bandits ne se sont jamais rétractés.
Depuis début mars, la PNH utilise des drones kamikazes contre les gangs, une stratégie apparemment efficace, approuvée par certaines organisations de défense des droits humains.
La police n’a jamais baissé les bras dans cette lutte contre la violence des gangs, même si les opérations policières n’ont jamais contraint les criminels à capituler. Depuis début mars, les autorités policières ont recours aux drones kamikazes dans les fiefs des criminels. Selon le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), plus d’une centaine de bandits ont été tués à Bel-Air, Delmas 2, Grand-Ravine, Village-de-Dieu, entre autres.
Des rumeurs avaient laissé entendre que les Nations Unies avaient interdit l’usage de ces équipements, mais les autorités ont apporté un démenti formel. Si la population a applaudi cette nouvelle stratégie de la PNH pour contrer les criminels, les organisations de défense des droits humains vont dans la même direction.
Une nouvelle approche qui effraie les bandits : cette fois-ci, la peur semble changer de camp
Pour la Fondation “Je Klere”, l’utilisation des drones kamikazes par la police est une avancée, à condition que les responsables de l’application de la loi respectent les règles, a indiqué Me Samuel Madistin lors d’une interview accordée à Le Nouvelliste.
De son côté, le Collectif des Défenseurs Plus affirme n’avoir aucun problème avec l’utilisation des drones dans cette lutte contre la criminalité. Antonal Mortimé, au micro du quotidien Le Nouvelliste, a déclaré que si la police parvient enfin à trouver un moyen d’intimider les bandits, c’est une très bonne chose.
Si la Plateforme des Organisations Haïtiennes de Défense des Droits Humains soutient cette initiative, elle réclame néanmoins une meilleure unité et synergie entre les forces de l’ordre.
Le RNDDH, par le biais de son directeur exécutif Pierre Espérance, approuve l’utilisation des drones mais exhorte les autorités à s’assurer que les opérations soient menées et coordonnées par la force publique, tout en empêchant toute instrumentalisation politique contre d’éventuels opposants.
Me Gédéon Jean, responsable du Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH), estime que tous les moyens sont légitimes pour combattre ces criminels.
« Si ces terroristes utilisent tous les moyens pour semer la terreur au sein de la population, la police a, elle aussi, le plein droit de faire usage des équipements capables d’apporter une réponse efficace dans cette lutte », a-t-il déclaré, soulignant que les organisations de défense des droits humains soutiennent cette démarche.
Richardson Bigot
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