
Un pacte pour la dignité : le FNE et le PNCS scellent une alliance pour nourrir l’école haïtienne
Dans une Haïti écartelée entre l’urgence et l’attente, entre l’indigence de ses structures et l’opiniâtreté de son peuple, un geste solennel a été posé ce mardi 15 avril 2025. Deux institutions publiques, le Fonds National de l’Éducation (FNE) et le Programme National de Cantines Scolaires (PNCS), ont signé un protocole d’accord dont l’enjeu dépasse les murs de l’administration : nourrir la salle de classe, cimenter la persévérance scolaire, et restaurer une dignité trop longtemps fléchie.
À la tête de cette initiative, Mme Sterline Civil, Directrice Générale du FNE, et M. Kevenot Dorvil, Coordonnateur Général du PNCS, ont uni leur voix pour faire de l’alimentation scolaire non plus une faveur accordée à quelques établissements pilotes, mais un pilier du droit à l’éducation.
Cet accord s’inscrit dans les prescriptions formelles de l’article 27, alinéa h, de la loi portant création, organisation et fonctionnement du FNE. Ce texte, souvent cité mais rarement appliqué dans son intégralité, établit clairement que les ressources du Fonds doivent servir à financer le Programme National de Cantines Scolaires. Il ne s’agit donc pas d’un élan nouveau, mais d’un rattrapage historique, d’un alignement tardif entre la loi et l’action publique.
Pendant que les bureaux délibéraient, des enfants s’évanouissaient de faim dans les salles de classe. Pendant que les signatures tardaient, des écoles fermaient, désertées par des élèves pour qui venir apprendre signifiait aussi rester le ventre vide. Ce protocole d’accord, bien que salutaire, arrive après trop d’années de silence budgétaire.
La promesse est simple : assurer à chaque élève un repas quotidien. Mais le défi est immense. Pour que cette promesse se matérialise, il faudra bien plus qu’un document paraphé – il faudra une mise en œuvre rigoureuse, une logistique infaillible, et surtout, une transparence sans faille.
Il est donc impératif que le PNCS, en toute responsabilité institutionnelle, rende publics les rapports détaillés de l’utilisation des fonds alloués par le FNE. La population a le droit de savoir : quelles écoles bénéficieront de ce programme ? Quels montants seront engagés ? Quelles entreprises ou coopératives locales fourniront les denrées ? Combien d’enfants seront nourris, et pendant combien de jours ? Sans ce devoir de redevabilité, le protocole restera une opération cosmétique de plus dans un pays las des effets d’annonce.
Ce que le peuple attend, ce ne sont pas des discours. Ce sont des résultats. Ce sont des marmites qui bouillent dans les écoles rurales. Ce sont des menus dignes dans les écoles urbaines. Ce sont des enfants qui n’apprennent plus avec l’estomac noué. L’alimentation scolaire est un levier puissant de rétention, de réussite et de justice sociale. Elle engage non seulement le FNE et le PNCS, mais l’État tout entier dans sa Solennité civique.
Que ce protocole soit le début d’une politique publique structurée, durable et vérifiable. Que les fonds alloués ne se diluent pas dans les méandres bureaucratiques, mais soient ressentis dans chaque bouchée offerte à ces jeunes Haïtiens pour qui l’école est encore la seule porte ouverte vers un avenir possible.
Haïti ne peut plus se permettre de faire de l’éducation un projet abstrait. Il faut désormais que chaque engagement signé se traduise en actes tangibles. La signature du FNE et du PNCS n’est pas une fin en soi, c’est une ligne de départ. Et cette fois, le peuple compte les kilomètres.